Librement adapté de la pièce Platonov d’Anton Tchekhov
Déjà accueillie à Châtillon avec ses créations précé-dentes, Démons et Maison de poupée, Lorraine de Saga-zan s’attache cette fois à Platonov de Tchekhov qu’elle revisite en interrogeant la figure du père et la notion d’héritage.
Pièce de jeunesse, jamais achevée, Platonov a pour titre original "Le fait social de ne pas avoir de père". Citant Tchekhov : "Je voulais seulement dire aux gens, honnêtement : Regardez-vous, regardez-vous comme tous vous vivez mal", Lorraine de Sagazan envisage le personnage éponyme comme un "raté lumineux". Elle s’attache à son besoin forcené de reconnaissance : Platonov existe fortement par le regard des autres qui attendent de lui beau-coup plus que ses capacités. Elle bouscule le concept de généra-tion, qui paraît flou : "Sur quels mensonges vivons-nous ?".En écho à notre époque gangrénée par le marché et par les inégalités sociales, L’Absence de père pose la question de la vulnérabilité, de la capacité d'agir et de la possibilité à être soi-même, au moment présent. La conscience contemporaine que "Ça ne va pas pouvoir continuer comme ça" résonne forte-ment avec cette pièce visionnaire, annonçant les prémisses de la révolution russe.